Madagascar : Crise politique majeure après la fuite du président Rajoelina

Le président malgache Andry Rajoelina a reconnu avoir quitté son pays pour « protéger [sa] vie », dans une allocution télévisée diffusée depuis un lieu non divulgué, alors qu’une mutinerie militaire et une contestation populaire menacent son régime.
Cette crise, la plus grave depuis l’accession au pouvoir de M. Rajoelina en 2009 suite à un coup d’État, trouve son origine dans un mouvement de protestation lancé fin septembre par des jeunes de la « génération Z ». Exaspérés par les coupures chroniques d’eau et d’électricité, ces manifestants ont rapidement transformé leur colère en contestation politique ouverte.
La situation a pris un tour décisif lorsque les militaires du CAPSAT, une unité d’élite de l’armée malgache, ont rejoint les manifestants dans la capitale au cours du week-end. Ce ralliement a considérablement affaibli la position présidentielle, conduisant M. Rajoelina à quitter le territoire dans des conditions encore troubles.
Exil et déni
Depuis son lieu de retrait, le chef de l’État a affirmé avoir refusé l’offre de « certains présidents du continent africain » d’envoyer des troupes pour « ramener la paix ». « Il n’était pas conforme aux valeurs malgaches d’envoyer des troupes », a-t-il justifié en malgache.
Face à ce qu’il qualifie de « tentative illégale de prise de pouvoir », le président en exil a insisté sur son refus de la violence et son souhait d’un dialogue national. « Je ne vous laisserai pas être détruits et je ne laisserai personne vous détruire, Madagascar », a-t-il déclaré.
Si le président n’a fourni aucune précision sur les conditions de son départ, des sources non confirmées évoquent un départ à bord d’un avion militaire français. Cette information ajoute au flou entourant cette crise politique majeure.
Seize ans après son arrivée au pouvoir soutenue par l’armée, M. Rajoelina se retrouve aujourd’hui contesté à la fois par la rue et par une partie de ses propres forces armées, confronté à la fragilité d’un pouvoir qu’il avait voulu bâtir sur la stabilité et la souveraineté nationale.
Roger BIÈRE



