L’Éthiopie accuse l’Érythrée de fomenter un nouveau conflit armé

Dans la Corne de l’Afrique, les tensions restent vives. L’Éthiopie a officiellement accusé l’Érythrée de préparer un nouveau conflit armé, dans une lettre adressée au Secrétaire général de l’ONU en date du 2 octobre. Le gouvernement éthiopien affirme que son voisin « finance, mobilise et dirige » des groupes armés actifs dans la région Amhara, où l’armée nationale est engagée contre des mouvements rebelles.
Cette escalade verbale ravive un contentieux ancien entre les deux pays. Après l’indépendance de l’Érythrée en 1993, une guerre frontalière meurtrière avait opposé les deux États entre 1998 et 2000. Le rapprochement historique de 2018, salué par l’attribution du prix Nobel de la paix au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, semble aujourd’hui fragilisé.
Plusieurs facteurs alimentent cette nouvelle crise : la question stratégique de l’accès à la mer pour l’Éthiopie, privée de port depuis 1993 ; les récentes déclarations d’Abiy Ahmed évoquant la nécessité d’un accès direct à un port, notamment celui d’Assab ; et la fin de l’alliance militaire temporaire entre les deux pays durant la guerre du Tigré (2020-2022).
Des observateurs estiment que cette montée des tensions pourrait également servir de diversion face aux défis internes de l’Éthiopie : conflits régionaux persistants, crise économique et sanctions internationales. La rhétorique nationaliste permettrait au gouvernement de consolider une base politique fragilisée.
Quoi qu’il en soit, cette nouvelle crispation menace les acquis de la paix de 2018 et suscite l’inquiétude dans une région déjà marquée par une instabilité chronique.
Roger BIÈRE



