Libre propos

CAMEROUN : Roland Kwemain , « l𝐚 𝐬𝐨𝐮𝐯𝐞𝐫𝐚𝐢𝐧𝐞𝐭é é𝐜𝐨𝐧𝐨𝐦𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐩𝐚𝐫 𝐥𝐚 𝐥𝐢𝐛𝐫𝐞 𝐜𝐢𝐫𝐜𝐮𝐥𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐀𝐟𝐫𝐢𝐜𝐚𝐢𝐧𝐬 𝐞𝐧 𝐀𝐟𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞 »

Du proverbe ancestral à la cruelle réalité des visas, ce libre propos trace un chemin poignant à travers les contradictions africaines. Sur la base d’une expérience vécue, Roland Kwemain, ancien Président Mondial de la Jeune Chambre Internationale( JCI) transforme son indignation en plaidoyer puissant pour une Afrique enfin maîtresse de son destin, où la libre circulation deviendrait le premier acte de souveraineté.

« 𝐐𝐮𝐚𝐧𝐝 𝐥𝐞𝐬 𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐭𝐞𝐬 𝐬’𝐮𝐧𝐢𝐬𝐬𝐞𝐧𝐭, 𝐞𝐥𝐥𝐞𝐬 𝐫𝐢𝐯𝐚𝐥𝐢𝐬𝐞𝐧𝐭 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐥𝐚 𝐟𝐨𝐫𝐜𝐞 𝐝’𝐮𝐧 é𝐥é𝐩𝐡𝐚𝐧𝐭. » Proverbe africain

En 𝟐𝟎𝟏𝟎, j’ai eu l’immense honneur de servir en tant que 𝐏𝐫é𝐬𝐢𝐝𝐞𝐧𝐭 𝐌𝐨𝐧𝐝𝐢𝐚𝐥 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐉𝐞𝐮𝐧𝐞 𝐂𝐡𝐚𝐦𝐛𝐫𝐞 𝐈𝐧𝐭𝐞𝐫𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥𝐞 (𝐉𝐂𝐈).

Cette année-là, j’ai visité plus de 70 pays, dont 𝟐𝟖 𝐞𝐧 𝐀𝐟𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞.

Pourtant, 𝐦𝐚𝐥𝐠𝐫é 𝐦𝐨𝐧 𝐩𝐚𝐬𝐬𝐞𝐩𝐨𝐫𝐭 𝐝𝐢𝐩𝐥𝐨𝐦𝐚𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐚𝐦𝐞𝐫𝐨𝐮𝐧𝐚𝐢𝐬, j’ai été confronté à une réalité cruelle : 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐜𝐨𝐮𝐯𝐫𝐢𝐫 𝐜𝐞𝐬 𝟐𝟖 𝐩a𝐲𝐬 𝐚𝐟𝐫𝐢𝐜𝐚𝐢𝐧𝐬, 𝐢𝐥 𝐚 𝐟𝐚𝐥𝐥𝐮 𝐪𝐮𝐞 𝐣𝐞 𝐬𝐨𝐥𝐥𝐢𝐜𝐢𝐭𝐞 𝐩𝐫è𝐬 𝐝𝐞 𝟐𝟒 𝐯𝐢𝐬𝐚𝐬.

𝐔𝐧 𝐩𝐚𝐫𝐚𝐝𝐨𝐱𝐞 !

Avec un seul visa Schengen, je pouvais voyager librement dans 27 pays européens.

Avec un visa japonais, je circulais dans la plupart des pays du Pacifique asiatique.

Avec un visa américain, je parcourais l’ensemble du continent américain, y compris certains pays d’Amérique latine.

𝐌𝐚𝐢𝐬 𝐞𝐧 𝐀𝐟𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞, 𝐬𝐮𝐫 𝐦𝐚 𝐩𝐫𝐨𝐩𝐫𝐞 𝐭𝐞𝐫𝐫𝐞, 𝐜𝐡𝐚𝐪𝐮𝐞 𝐟𝐫𝐨𝐧𝐭𝐢è𝐫𝐞 𝐚 𝐫𝐞𝐩𝐫é𝐬𝐞𝐧𝐭é 𝐮𝐧𝐞 𝐛𝐚𝐭𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞 𝐚𝐝𝐦𝐢𝐧𝐢𝐬𝐭𝐫𝐚𝐭𝐢𝐯𝐞.

C’était en 2010.

𝐐𝐮𝐢𝐧𝐳𝐞 𝐚𝐧𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐭𝐚𝐫𝐝, 𝐫𝐢𝐞𝐧 𝐧’𝐚 𝐯é𝐫𝐢𝐭𝐚𝐛𝐥𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐜𝐡𝐚𝐧𝐠é.

Même les plus grands bâtisseurs de notre continent en souffrent.

𝐀𝐥𝐢𝐤𝐨 𝐃𝐚𝐧𝐠𝐨𝐭𝐞, 𝐥’𝐮𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐡𝐨𝐦𝐦𝐞𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐫𝐢𝐜𝐡𝐞𝐬 𝐝’𝐀𝐟𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞, a lui-même dénoncé les difficultés qu’il rencontre pour obtenir des visas avec son passeport nigérian.

Si un capitaine d’industrie de sa stature se heurte à de tels obstacles, imaginez un jeune entrepreneur, un étudiant, ou un travailleur qui rêve simplement de contribuer au projet africain…

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𝐂𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐛â𝐭𝐢𝐫 𝐮𝐧𝐞 𝐬𝐨𝐮𝐯𝐞𝐫𝐚𝐢𝐧𝐞𝐭é é𝐜𝐨𝐧𝐨𝐦𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐪𝐮𝐚𝐧𝐝 𝐥𝐞𝐬 𝐛â𝐭𝐢𝐬𝐬𝐞𝐮r𝐬 𝐞𝐮𝐱-𝐦ê𝐦𝐞𝐬 𝐬𝐨𝐧𝐭 𝐞𝐧𝐟𝐞𝐫𝐦é𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐩𝐫𝐨𝐩𝐫𝐞𝐬 𝐟𝐫𝐨𝐧𝐭𝐢è𝐫𝐞𝐬 ?

𝐋𝐞𝐬 𝐟𝐫𝐞𝐢𝐧𝐬 𝐬𝐨𝐧𝐭 𝐜𝐨𝐧𝐧𝐮𝐬 :

  • Dépendance persistante aux matières premières,
  • Faible industrialisation,
  • Poids de la dette,
  • Systèmes monétaires hérités,
  • Gouvernance fragile,
  • Fuite des cerveaux et des capitaux,
  • Mobilité entravée du capital humain.

𝐄𝐭 𝐩𝐨𝐮𝐫𝐭𝐚𝐧𝐭, 𝐥𝐚 𝐬𝐨𝐥𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐬𝐭 𝐜𝐥𝐚𝐢𝐫𝐞 :

  • Zéro visa pour les Africains en Afrique.
  • Une monnaie africaine crédible et commune.
  • Des infrastructures intégrées qui relient nos nations.

Quelques pays montrent déjà l’exemple : 𝐥𝐞 𝐒é𝐧é𝐠𝐚𝐥, 𝐥𝐚 𝐆𝐚𝐦𝐛𝐢𝐞, 𝐥𝐞𝐬 𝐒𝐞𝐲𝐜𝐡𝐞𝐥𝐥𝐞𝐬, 𝐥𝐞 𝐁é𝐧𝐢𝐧, 𝐥𝐞 𝐑𝐰𝐚𝐧𝐝𝐚, le Ghana, 𝐥𝐞 𝐁𝐮𝐫𝐤𝐢𝐧𝐚 𝐅𝐚𝐬𝐨, 𝐥𝐞 𝐊𝐞𝐧𝐲𝐚 ont choisi d’ouvrir leurs portes à leurs frères et sœurs africains.

Ces initiatives doivent devenir la norme, pas l’exception.

Car la souveraineté économique est d’abord et avant tout intentionnelle.

Elle n’est pas un slogan, ni une utopie : elle est le fruit d’un choix délibéré, d’une vision stratégique et d’actes courageux.

Je lance donc cet appel aux chefs d’État, aux organisations régionales et à l’Union Africaine :

𝐎𝐬𝐨𝐧𝐬 𝐟𝐫𝐚𝐧𝐜𝐡𝐢𝐫 𝐜𝐞 𝐩𝐚𝐬. 𝐋’𝐀𝐟𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐧𝐞 𝐩𝐞𝐮𝐭 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐚𝐭𝐭𝐞𝐧𝐝𝐫𝐞.

Parce qu’un continent qui ferme ses frontières à ses propres enfants ne pourra jamais prétendre à l’indépendance économique.

Mais une Afrique qui s’unit, où l’on circule librement, deviendra cette force d’éléphant dont parle le proverbe.

𝐋𝐚 𝐬𝐨𝐮𝐯𝐞𝐫𝐚𝐢𝐧𝐞𝐭é é𝐜𝐨𝐧𝐨𝐦𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐩𝐚𝐫 𝐥𝐚 𝐥𝐢𝐛𝐫𝐞 𝐜𝐢𝐫𝐜𝐮𝐥𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐀𝐟𝐫𝐢𝐜𝐚𝐢𝐧𝐬 𝐞𝐧 𝐀𝐟𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞.

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